COMMISSION NATIONALE POUR L'UNESCO
RENCONTRE DE PARTAGE DES POINTS FOCAUX DU RESEAU
THEME : AMADOU MAKHTAR MBOW, UNE CITOYENNETE CENTENAIRE, UN MODELE A OFFRIR AUX JEUNES.
Dans le cadre de ses activités, la Commission Nationale pour l'UNESCO a organisé ce samedi 10 avril 2021 au CRFPE
une rencontre de partage des points focaux sur l'EDD et l'ECM au Sénégal
sous le thème: AMADOU MAKHTAR MBOW, UNE CITOYENNETE CENTENAIRE, UN MODELE A OFFRIR AUX JEUNES.
Notes compilées par
M.Abdoulaye KANE Nasser, ancien point focal EA
Coordonnateur du Club : Unos Con Otros –Sénégal Andandoo (UCO-SA)
LE RESEAU DES ECOLES ASSOCIEES DE L’UNESCO
Dans son préambule, l'Acte constitutif de l'UNESCO proclame
que « les guerres prenant naissance dans l'esprit des hommes,
c'est dans l'esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix. »
Le réseau desécoles associées de l’UNESCO (réSEAU) rassemble des institutions éducatives partout dans le monde
autour d'un objectif commun : élever les défenses de la paix dans l'esprit des enfants et des jeunes :
« les guerres prenant naissance dans l’esprit des adultes, c’est dans l’esprit des enfants que doivent être
élevées les défenses de la paix » citation d’un élève d’une école associée.
Réparties dans 182 pays, plus de 11 500 écoles membres du réSEAU œuvrent concrètement pour
la compréhension internationale, la paix, le dialogue interculturel, le développement durable
et une éducation de qualité. Les écoles membres jouent un rôle essentiel dans la promotion des
valeurs de l’UNESCO et dans l'intégration des perspectives internationales dans les écoles.
L’éducation à la citoyenneté mondiale : Le but final de l’éducation n’est plus uniquement
le développement de connaissances et de compétences reliées au travail mais aussi l’inclusion
de l’acquisition des compétences transversales, des valeurs et des attitudes par les apprenants
pour développer une citoyenneté mondiale.
L'éducation à la citoyenneté mondiale a pour but de transformer,
de construire la connaissance, les compétences, les valeurs et les attitudes pour permettre aux apprenants
de contribuer à un monde plus inclusif, juste et pacifique.Dans ce contexte, l’éducation pour la
citoyenneté mondiale est devenue l’une des trois priorités de l’Initiative mondiale pour
l’éducation avant tout (GEFI).Le travail de l’UNESCO dans ce domaine est guidé par le Cadre
d’action Education 2030, particulièrement la cible 4.7 des Objectifs de développement durable
(ODD 4 sur l’Education) qui appelle les pays à faire en sorte que « tous les élèves acquièrent
les connaissances et compétences nécessaires pour promouvoir le développement durable, notamment
par l’éducation en faveur du développement et de modes de vie durables, des droits de l’homme,
de l’égalité des sexes, de la promotion d’une culture de paix et de non-violence, de la citoyenneté
mondiale et de l’appréciation de la diversité culturelle et de la contribution de la culture au
développement durable ».
L’ancien Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, en 2012 disait
:«Nous devons encourager la citoyenneté mondiale. L’éducation ne doit pas seulement apprendre à lire,
écrire et compter. Elle doit aussi former des citoyens et assumer pleinement le rôle central
qu’elle peut jouer en aidant les gens à créer des sociétés plus justes, plus pacifiques et plus tolérantes. »
10 CITATIONS D’AMADOU MAHTAR MBOW
«Il faut guider le navire : promouvoir la justice et la concorde entre les hommes, donner à chacun, par l’éducation, la possibilité d’exercer pleinement sa responsabilité d’homme, faire en sorte que la science serve à dompter le chaos des forces naturelles, que la culture, enfin, crée l’atmosphère propice à l’épanouissement des plus nobles capacités humaines»
«J’exhorte la jeunesse africaine, qui est dans le pays et celle qui est à l’extérieur, à ne pas déserter l’Afrique, à demeurer en Afrique, à essayer d’œuvrer pour la paix et le progrès en Afrique et dans chacun des pays. Mais pour œuvrer pour le progrès, il faut accepter de consentir des sacrifices. La jeunesse ne doit pas désespérer, elle ne doit pas croire aussi que quelque chose lui est fermé. Je me rappelle que quand j’étais au primaire, mon maître français nous disait : «Vous êtes des nègres et vous resterez toujours des nègres.» Par mon parcours personnel, avec mes camarades qui étaient avec moi à l’école à Louga, nous avons voulu lui prouver que ce qu’il disait n’était pas vrai… »
« L’école est en effet par excellence le lieu où peut se transmettre et se perpétuer l’héritage culturel de chaque peuple, en même temps qu’elle en prépare le renouvellement, par la formation des attitudes et des aptitudes nécessaires pour participer au changement et pour le maîtriser »
« C’est par l’éducation que s’effectue l’apprentissage de la différence et de l’altérité, seul capable, dans une société pluriculturelle, de désamorcer les préjugés et les stéréotypes, et de favoriser la cohabitation harmonieuse des différents éléments des cultures. Encore faut-il, bien sûr, que s’affirme la volonté de chaque société de concevoir et de mettre en œuvre l’action éducative en fonction de ces objectifs »
« La maîtrise par les pays en développement de leurs propres ressources naturelles est l’un des axes principaux de la recherche d’un nouvel ordre économique international… Mais cet objectif ne peut être séparé de l’idée d’une éthique globale de l’environnement fondée sur une utilisation judicieuse des ressources que la planète offre aux hommes et que l’ingéniosité humaine parvient à découvrir et à utiliser »
« Oui, j’ai grandi avec l’Afrique, souffert de sa souffrance, vécu ses angoisses, assumé ses espoirs. J’en ai reçu une éducation faite de volonté d’enracinement au milieu traditionnel, en assumant les valeurs fondamentales de ce milieu, nous nous assumions en tant qu’êtres libres dans une société dominée, car ce qu’il fallait préserver c’était la liberté de l’esprit, qui donne le vrai sens de la dignité. Aussi, la haine n’a jamais habité notre cœur, même dans les périodes d’affrontement, parce que nous n’avions jamais désespéré de l’homme»
« Je préfère le pluralisme qui accepte l’identité particulière de chaque peuple. J’ai été élevé dans l’acceptation des différences, dans la tolérance. Je suis frère de tout être humain, quels que soient sa race, ses croyances, les lieux où il vit. A partir de là, on peut bâtir une véritable solidarité(…) La solidarité c’est d’abord l’acceptation des différences (…) c’est de renoncer à toute idée de hiérarchie entre les peuples et les nations»
«Rien n’est plus encourageant de constater l’ampleur des luttes contre les inégalités économiques, sociales et culturelles, et aussi bien que la lutte pour la défense pour les droits de l’Homme, la défense de la paix, pour la sauvegarde de l’environnement, qui sont autant d’objectifs que l’humanité fait siens, même si les voies divergent quant aux moyens de les atteindre. Mais un tel comportement est déjà révélateur des dangers qui menacent de plus en plus les individus et les groupes. »
« On ne peut pas accéder à quelque chose de supérieur si on n’a pas le savoir nécessaire. Et le savoir, on l’acquiert en apprenant, en apprenant, en apprenant….Lisez, apprenez, rien ne vous est interdit. Vous pouvez accéder aux fonctions les plus élevées si vous acceptez de faire les sacrifices nécessaires. »
« Ne désespérez pas de l’Afrique et je souhaite de tout cœur que les hommes politiques de nos différents pays s’entendent avec les populations, ne mettent pas en avant seulement les ambitions personnelles, mais mettent en avant les intérêts de leurs Peuples, agissent en fonction des intérêts de leurs Peuples, les écoutent ! Voilà ce que je voudrais dire à la fin de ma vie. Je ne sais pas combien de temps j’ai encore à vivre, mais je souhaite de tout cœur que l’unité soit réalisée dans chaque pays, que l’unité soit réalisée dans toute l’Afrique et que les Africains travaillent ensemble pour l’intérêt des Peuples africains et pour l’intérêt des Peuples du monde».
BIOGRAPHIE SOMMAIRE D’AMADOU MAHTAR MBOW : « Un trésor humain vivant »
Né à Dakar le 20 mars 1921, alors que le Sénégal est une colonie française, il part ensuite à Louga où il fait une partie de sa jeunesse.
Passé par l’école coranique où il étudiait la religion, son père l’a ensuite envoyé à l’école française, où il étudiait en compagnie d’Européens.
En 1938, à 17 ans, il part à Dakar et est recruté comme commis dans l’administration après un concours dont il sort major. Pendant ce temps, il suit en parallèle les cours de l’aviation populaire créés par la France lorsqu’Hitler accède au pouvoir en Allemagne
À l’âge de 19 ans, il part en France étudier la mécanique à l’Armée de l’Air. Il s’enrôle ensuite volontairement en 1940 et est démobilisé quand l’Allemagne capitule le 8 mai 1945. Il rentre alors au Sénégal.
Avec la soif de savoir qui caractérise son parcours, Amadou Mahtar Mbow repart par la suite étudier en France, à la Sorbonne, d’où il ressort avec une licence en histoire et géographie et initie la Fédération des Étudiants d’Afrique Noire en France (FEANF).
D’abord affecté en Mauritanie où il part enseigner deux ans avec son épouse, Amadou Mahtar Mbow revient ensuite au Sénégal pour y diriger, en 1953, un projet d’éducation en faveur des déshérités à l’appel de l’UNESCO, ainsi, il implante l’éducation de base dans plusieurs communes du Sénégal
En 1955, les conflits entre les deux principaux partis sénégalais tournent à l’affrontement. C’est le moment qui pousse Amadou Mahtar Mbow à se lancer en politique avec des amis.
Il devient ministre de l’Education, de la Culture, de la Jeunesse et des Sports de 1957 à 1958 et démissionne ensuite pour s’engager dans la lutte pour l’indépendance de son pays.
En 1958, avec Abdoulaye LY et Assane SECK, autour du Parti du Regroupement Africain, (P.R.A), Amadou Mahtar M’BOW réclame l’indépendance immédiate du Sénégal, et refuse donc l’autonomie interne.
Il occupe par la suite les postes de ministre de l’Education nationale de 1966 à 1968 puis de la Culture et la Jeunesse jusqu’à 1970. La même année, il est appelé à l’UNESCO comme Sous-directeur général chargé de l’Education
De 1974 à 1987, il élu au poste prestigieux de Directeur Général de l’UNESCO, premier noir et sénégalais à occuper ce poste.
En 2008, il préside les Assises nationales qui ont fait le bilan des cinquante ans d'indépendance et ont tracé les perspectives de refondation de la nation sur des bases nouvelles.
En 2012, le président Macky SALL nomme M. M'BOW à la tête de la Commission nationale de Réforme des Institutions(CNRI) une mission en charge de rénovation des institutions de la République.
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